Sécurité… mon cul!!!

Voici un article que j’ai écris pour une amie qui a des problèmes avec la Commission scolaire que sa fille fréquente. Le texte sera envoyé à son journal local bientôt. Je me permet de le distribuer ici et sur mon facebook, parce que je considère que cette histoire doit être entendue par le plus grand nombre de personnes possible… Bonne lecture, et surtout, n’hésitez pas à me laisser vos commentaires! :o)

Quand la sécurité ne concerne que les parents!

Dans mon livre à moi, comme diraient d’autres, la sécurité, c’est l’affaire de tout le monde. Si vous êtes piéton et que vous traversez une route passante, c’est autant à vous de faire attention, qu’aux automobilistes. Même chose si vous êtes témoin d’un acte violent, vous agirez en bon citoyen (et en tant que personne  possédant un certain bon sens) et vous allez appeler la police. N’est-ce pas? J’ose espérer que oui…

Mais qu’en est-il lorsqu’il est question de nos tout petits? Vous répondrez peut-être que chaque parent est responsable de son ou de ses enfants, donc obligatoirement de leur sécurité, et vous aurez bien raison. Chaque parent a le devoir et la responsabilité de prendre soin de sa marmaille, de veiller à répondre du mieux possible à ses besoins fondamentaux. Hors sur l’échelle de ces mêmes besoins fondamentaux ( l’échelle de Maslow), le besoin de sécurité en est un qui se trouve directement à la base. C’est donc un des premiers besoins à combler, chez tout individu normalement constitué.

Dans notre réalité quotidienne, toutes les mamans ne sont pas à la maison, tous les papas ne servent pas de taxi matin, midi et soir. Nos enfants fréquentent les garderies, les écoles, les équipes sportives. Ils voyagent avec d’autres parents, en bus, à pied… Ce qui implique qu’ils sont confiés à d’autres. Ce qui implique que d’autres sont donc responsables de leur sécurité au moment où ils se trouvent avec eux. En tant que parents responsables, notre rôle revient donc à choisir les personnes qui prendront soin de nos enfants pendant notre absence, à juger s’ils sont aptes, selon nos propres critères, à s’occuper de notre progéniture. Jusqu’ici, tout va bien. Tout le monde prend soin de bien choisir la garderie, la gardienne, l’école, et ainsi de suite. Mais…

Mais qu’advient-il de notre rôle, de notre pouvoir, de notre prise de position, de nos enfants!… lorsque nous nous frottons à des institutions  immenses et rodées, à des machines de guerre,  pour qui, semble-t-il, la première préoccupation soit d’appliquer les ordres et ce, sans discernement ou jugement aucun, tel des soldats au combat? Et bien il arrive ceci : Une petite fille de 5 ans de laquelle on compromet la sécurité chaque jour, pour la seule et unique raison qu’elle n’est pas répertoriée sous la bonne catégorie et parce qu’on doit aussi appliquer les règlements. Tout ça, rien que pour aller à l’école!!

Les faits sont les suivants : Justine, 5 ans, va à l’école alternative. Et elle n’est pas classée dans la catégorie ‘’préscolaire’’ à la Commission scolaire Marie-Victorin.

Justine a une maman : Mélanye, qui est une maman qui travaille. Mais qui est aussi à la maison. En effet, elle tient un service de garde en milieu familial chez-elle. Elle connaît donc très bien ce qu’est être responsable et de ses propres enfants et de ceux des autres. En tant que mère et éducatrice responsable, elle sort donc avec sa fille le matin, ainsi qu’avec tous les autres enfants de la garderie, pour aller attendre l’autobus scolaire et refait parfois le trajet le soir, toujours avec la ribambelle d’enfants qui l’accompagne, afin de ramener sa fille chez-elle.

Justine a aussi un papa. Jean-François, qui est un papa qui travaille également, mais à l’extérieur de la maison. Il travaille de nuit, ce qui implique que tôt le matin, il dort. Papa ne peut donc pas servir de taxi, malheureusement… Avec tous les déboires que la petite famille a vécus récemment, papa a dû voir un médecin pour certains malaises. Prescription : minimum de six heures de sommeil consécutives, ou papa n’ira plus bien du tout…

Justine habite dans un quartier résidentiel, et non sur un boulevard. Par contre, comme pour toutes les petites rues de tous les quartiers, les voitures y circulent trop rapidement, malheureusement et le trottoir s’arrête plusieurs maisons avant la sienne, ce qui fait qu’elle doit attendre l’autobus dans la rue. Non pas au coin d’une simple rue, mais bien à un panneau d’arrêt ( communément appelé un stop) d’une intersection à trois voies…

Autre et dernier fait important, la maman de Justine a souffert il y a quelques années d’un TOC ( trouble obsessionnel compulsif). Thérapies, médication et rendez-vous chez le psy s’en sont suivis. Aujourd’hui Mélanye est rétablie, mais doit faire plus attention que la moyenne des gens à ne pas laisser s’élever son niveau de stress trop haut. Une rechute serait alors possible dans son cas.

Le problème auquel nous sommes exposés ici est le suivant : Mélanye a demandé si il était possible de prendre Justine devant l’entrée de leur maison, étant donné que l’autobus y passe avant d’arriver au fameux arrêt. Cela lui aurait permis d’être rassurée quant à la sécurité de sa fille qui n’aurait pas à attendre dans la rue, de ne pas compromettre la sécurité des autres enfants ainsi que sa sécurité à elle-même et donc de ne pas être encore plus stressée. Point à apporter : le premier jour d’école, l’autobus n’est pas passé le matin. Le même jour au retour, plus de 30 minutes après l’heure de retour prévue, toujours pas d’enfants ni d’autobus! Erreurs de la part du chauffeur…  Le deuxième jour, le véhicule ne se présente toujours pas à l’heure prévue du retour, les enfants ayant été confiés à un autre chauffeur et ayant dû effectuer un transfert d’autobus quelque-part pendant le trajet!! Ajoutez tout cela aux points mentionnés plus haut et n’importe qui vient de voir son niveau de stress monter de plusieurs crans!

La réponse de la Commission scolaire a été brève et simple : NON. Il a été dit à Mélanye, qu’elle n’avait qu’à aller reconduire elle-même sa fille à l’école si elle n’était pas satisfaite! Que le fait qu’elle possédait un service de garde ne les regardait en rien et que cela ne consistait pas un point qui méritait une modification du trajet quelconque. Malgré la lettre de son médecin à l’appui, la jeune mère se fait aussi répondre que ce billet ne concerne en rien la condition de sa fille et qu’ils n’en tiendront donc pas compte! Encore une fois, d’accord, on peut, à la limite, comprendre qu’ils sont bornés, mais qu’ils souhaitent bien faire les choses et ne pas modifier quoi que ce soit si c’est inutile. Force est de constater l’évidente mauvaise foi de la Commission scolaire puisque Mélanye et Jean-François s’impliquent au maximum avec leurs enfants. En effet, l’année dernière, leur fils étant dans la catégorie ‘’ marcheurs’’ d’une autre école, mais de la même Commission scolaire, Mélanye allait le rejoindre tous les jours, avec sa garderie. De son côté, Jean-François va régulièrement chercher Justine à l’école l’après-midi, puisque l’horaire de celui-ci le permet.

Par contre!, Justine prend quand même l’autobus de façon plus que dangereuse pour elle. Pour l’instant, attendre dans la rue ne met sa vie en jeu qu’à 50% disons. Elle n’a qu’à bien se tenir sur la petite bande de trottoir ou bien sur le terrain d’un quelconque voisin, et tout ira bien, elle sera assez loin des voitures qui passent par là… Mais cet hiver? Qu’adviendra-t-il de ces fameux règlements non modifiables lorsque Justine attendra l’autobus au milieu de la rue, obligatoirement, parce que le service de la ville poussera la neige directement derrière le panneau de stop? Qu’arrivera-t-il de la responsabilité de la Commission scolaire et du service de transport envers les enfants, si Justine glisse sous les roues de l’autobus, parce qu’obligatoirement, elle devra débarquer dans le banc de neige? La Commission scolaire dira-t-elle à Mélanye de contacter le service de déneigement pour faire modifier l’emplacement de la neige et que ce n’est encore une fois pas leur problème?! Nous faisons face ici à un cas de manque de jugement flagrant de la part d’une institution qui dit avoir à cœur le bien-être et la sécurité de nos enfants! Justine est seule à son arrêt. Le trajet que l’autobus a à faire ne serait en RIEN modifié si il prenait la petite devant son entrée, puisqu’il DOIT DÉJÀ passer devant pour aller la cueillir au stop!  Les farces de la Commission scolaire s’alignent les unes derrière les autres quand elle répond à la mère de Justine que si le véhicule s’arrête à l’entrée de cour de cette dernière, cela fera un arrêt de plus à faire pour le chauffeur, puisqu’il devra AUSSI  s’arrêter au stop!!

Non, mais! C’est de la sécurité d’une enfant de cinq ans dont on parle ici? Ou bien on en est à compter le nombre d’arrêts comptant des enfants et le nombre de stops qu’il y a sur le trajet de l’école?!

Bien d’autres réponses aussi insipides les unes que les autres ont été faites à Mélanye. Par exemple, d’aller porter Justine au service de garde de l’école, comme beaucoup de parents le font. D’accord, mais il ouvre plus tard que le service de garde de Mélanye!! Ou bien encore : de demander à la municipalité de faire un trottoir qui ira jusque devant la maison de la jeune famille! Encore une fois, on tourne en rond. C’est pourtant si simple! Dites au chauffeur de s’arrêter devant la maison de Justine, de compter une douzaine de secondes pour qu’elle ait le temps d’aller s’asseoir dans son banc, et repartez! Parce qu’en plus, la petite est la seule enfant à prendre l’autobus à cet endroit! Tout le monde sera content, rassuré et surtout : EN SÉCURITÉ!

Les arguments de la Commission scolaire sont que tous les embarquements doivent se faire à une intersection, et ce, pour la sécurité des enfants. Et ils refusent de prendre Justine devant chez-elle, justement parce qu’elle est seule à cet arrêt. Par contre, les petits voisins, trois frères et sœurs, fréquentent une autre école de la même Commission scolaire et se font embarquer par l’autobus directement devant chez-eux. Explication : le facteur regroupement… Dans le cas de Justine, ils ne peuvent pas faire une moyenne des adresses près les unes des autres où plusieurs enfants ont à embarquer, puisqu’elle est seule. Ils manquent de données disent-ils…

Pour l’instant, puisque de communiquer avec la Commission scolaire ne mène nulle part, Mélanye rhabille les marmots de sa garderie quelques vingt minutes après leur arrivée pour aller reconduire Justine à l’arrêt d’autobus. Ce sera tout un défi d’organisation cet hiver avec les mitaines et les habits de neige! De plus, elle doit marcher dans le sens inverse des voitures, ce qui est aussi interdit par le code de sécurité routière. Des documents de la SAAQ qui visent justement les petits d’âge préscolaire, donnent des consignes de sécurité aux parents et aux éducateurs. Dans la liste se retrouvent entre autres de ne pas solliciter son véhicule dans la rue et de ne pas marcher dans le sens contraire des voitures lorsqu’il n’y a pas de trottoir! La jeune femme risque donc même une contravention pour ces gestes! Mais, même sourde oreille sur ce point de la part de la Commission scolaire. Depuis septembre que cela perdure et Mélanye sent ses forces diminuer. Avec raison d’ailleurs! Ses appels répétés, ses arguments plus sensés les uns que les autres, n’ont pas eu raison d’un système mal huilé. Devra-t-elle changer Justine d’école? Fermer son service de garde? Faire appel à un avocat? Tout cela reste en suspens, reste à voir, pendant qu’une petite de cinq ans, sa mère et plusieurs autres enfants compromettent leur sécurité matin et soir…