Sans rancune!

Vous le savez tous (ou presque), j’ai 3 enfants. Ce sont mes crapules, mes crapauds, mes amours, mes bibittes, mes p’tits loups, mes cocos et mes belettes, et j’en passe.

Moi j’en ai 3. J’ai des amis qui en ont 1 ou 2; d’autres en ont 4, … 5. Et j’ai quelques copines qui ent ont 6, 7 ou 8. Personnellement, plus jeune, j’en voulais 6. À ma troisième grossesse, j’avais des jumeaux. Mais je ne le savais pas. Et à quelques semaines de cette grossesse, j’ai perdu du sang. Ça arrive souvent et les médecins passent quelques tests de base et si tout va bien, on vous conseille de rester plus calme (ce qui est plutôt difficile dans mon cas!) et de bien vous reposer. Mais après l’accouchement, qui soit dit en passant, s’est très bien déroulé et nous a donné un beau petit coco en santé, je suis tombée malade. Après 10 jours, j’ai dû retourner à l’hopital pour me faire faire un curetage. Il y avait un deuxième placenta qui n’avait pas été expulsé pendant l’accouchement parce que vide… On m’a dit que le sang que j’avais perdu au début de la grossesse était en fait une fausse couche. Et que j’aurais dû avoir des jumeaux. Ok.

Je n’ai pas vécu de deuil par rapport à cet embryon que mon corps avait rejeté. Je n’ai pas eu de grande tristesse. Parce que je me disais que c’est ce que la Vie avait choisi pour moi et que c’était probablement mieux ainsi.

Aujourd’hui, avec encore plus de recul, je me dis qu’effectivement, c’était mieux comme ça. Parce que, déjà, d’avoir un enfant, ce n’est pas facile; et tous ceux qui en ont plus qu’un vous diront qu’au deuxième, on devient un peu plus fou encore et que malgré la petite expérience parentale qu’on se croit posséder après un premier enfant, les deuxièmes sont toutefois très différents des premiers la plupart du temps. Et ce qu’on a appris de notre plus vieux nous aide sur certains plans avec le deuxième, mais nous laisse aussi complètement en plan sur d’autres! Ceux qui ont poursuivi la route avec une troisième grossesse, vous diront probablement aussi qu’après 3, c’est beaucoup plus facile. Pour ceux qui en ont plus de trois, je ne sais pas ce qu’ils disent en général! Je n’ai pas eu trop de questions à poser sur le sujet: je ne me suis pas rendue là encore! hahaha!

Je trouve que de devenir parent est un peu l’équivalent de recommencer une vie, mais en en étant plus conscient.

Quand on est tout petit et qu’on apprend à marcher, on se plante. Tout le temps. Mais on a une espèce de confiance en je ne sais trop quoi, en soi-même ou en la Vie, et on retente le coup. Au bout d’un certain temps, on fait un pas, puis deux, avec papa-maman-grand frère-grande soeur qui nous tend les mains à deux pieds devant soi et qui nous encourage à avancer. On ne sait pas trop ce qu’on fait ni pourquoi on le fait; c’est plutôt l’instinct qui nous y pousse. Ensuite, forts de notre nouvelle acquisition (la marche) et de notre solide expérience de si nombreux échecs et de recommencements et de notre réussite, on passe au niveau suivant: la course! Encore une fois, on n’est pas trop conscients des étapes qu’on est en train de vivre ni pourquoi on les recherche, mais on le fait. Il faut bien avancer dans la Vie! Et tant qu’à avancer, pourquoi pas y aller en courant!? Alors on apprend à courir. Viennent ensuite l’apprentissage des journées sans couche et en petites culottes ( durant lesquelles nombreux seront ceux qui vivront encore de cuisants échecs avant de faire l’apprentissage de la toilette!), manger seul en tentant d’en avoir plus dans la bouche que sur la tête ou le plancher (quelle frustration ce doit être d’avoir faim et de ne réussir qu’à tout foutre par terre! ARGHH!), les cauchemars qui nous réveillent, apprendre à dormir sans personne à côté, l’entrée à l’école, etc. Tout cela sans parler d’apprendre à se brosser les dents tout seul, à faire fonctionner la télécommande de la télé sans tomber sur le poste des nouvelles quand tout ce qu’on veut c’est les petits bonhommes, et je ne parle même pas du fastidieux et trop long apprentissage à mettre son linge sal au panier…

Quand on arrive à l’adolescence, on est plus conscients de ce qui se passe dans notre vie. Mais pas encore assez. (On est souvent même pas encore BONS avec le panier à linge sale!) On est centrés sur le plus profond de notre moi-même. C’est loin et creux tout en étant dramatiquement proche. Toutes les expériences que l’on fait, sont pareilles à celles vécues étant bébé ou jeune enfant; c’est-à-dire qu’on ne sait pas trop pourquoi on se met à fumer, qu’on cherche à aller plus loin plus vite, qu’on choisi tel ou tel ami ou amoureux. Mais on le fait. Et puis vient bien assez vite la vie de jeune adulte. La méga vingtaine! On se croit fort et grand, plein d’expérience! Après tout, on s’est bien rendus jusqu’ici dans notre vie alors on doit bien avoir une force qui a à voir là-dedans! Non?… On croit qu’on en sait plus que les vieux, plus que nos parents qui sont siiiiiiiii loin de leur jeunesse! On a le monde à nos pieds et toute la Vie devant nous! Et puis on devient parents. Et on veut faire mieux que les nôtres.

On devient parents et on se rend compte qu’on ne sait pas trop où on s’en va avec ce nouveau petit être-là… Qu’il n’est ni arrivé avec un livret explicatif, ni avec un «power point» signifiant d’avance les étapes à franchir, ni avec la description des crises que l’on vivrait et encore moins avec un avertissement de danger de devenir fou, danger si on manque notre coup, danger si on en fait un enfant-roi, danger si, danger ça… Mais on avance, à l’instinct; et pour les chanceux, en appelant notre mère au secours une fois de temps en temps.

On revit toutes les étapes que nous-même avons vécues, mais cette fois en en étant pleinement conscients et à travers quelqu’un d’autre: notre enfant. On se sentira insécures à l’arrivée du premier. On se sentira forts de notre expérience à l’arrivée du deuxième, mais on s’apercevra qu’il est très différent de son frère ou de sa soeur et qu’en fait on avait tout faux depuis le début! On se sentira plus calmes quand le troisième fera son entrée, mais on deviendra fous quand le plus vieux nous tapera sa crise d’adolescence croyant tout savoir et se sentant fort de sa propre expérience… Puis viendra la crise du deuxième et finalement ce sera complètement différent d’avec le précédent et quand le troisième y arrivera on sera tellement épuisés par les deux premiers qu’on aura juste envie de tout laisser tomber et de retourner à l’âge du berceau!

Ce qui revient à dire que la Vie est un perpétuel recommencement… On apprend à marcher des centaines sinon des milliers de fois. On apprend à se la péter et à recommencer autrement. Que ce soit à 1 an, que ce soit en entrant à l’école, en échouant à un examen, en entrant en relation amoureuse pour la première ou la cinquième fois. On se sent forts par moments et si faibles à d’autres. On se sent puissants un instant et on a le nez rivé sur le trottoir l’instant d’après. Mais il y a toujours cette espèce de feeling qui nous pousse à avancer… encore et toujours avancer… ne pas faire de surplace… sans trop savoir pourquoi ni comment… mais on y va… à l’instinct. Et on fini toujours par aboutir quelque-part. Ailleurs. Plus loin que notre point de départ. Plus forts de notre passé et pourtant ignorants face à l’avenir. Mais confiants. Confiants en quoi? J’en sais rien. Mais confiants quand même. Sinon, on aurait tous lâché le morceau bien avant… Et même si parfois l’envie nous prend de démissionner, de tout domper, de se payer un «one-way ticket» pour l’Alaska, le Soudan ou le triangle des Bermudes, on cancèle le projet à chaque fois. Parce qu’on sait pas trop pourquoi, mais on doit continuer d’avancer… même si on sait pas trop où ça va nous mener…

Alors à tous mes copains nouveaux ou futurs parents, moi je vous le dis: Vous allez devenir fous par bouts. Vous allez vouloir étouffer vos enfants plus d’une fois dans votre vie. Vous allez aussi tellement les aimer que vous allez en pleurer des fois. Vous allez aussi pleurer de découragement quand vous allez vous sentir complètement impuissants devant des tonnes de situations. Vous allez être fiers d’eux plus souvent qu’autrement par contre. Vous allez ramasser des murs à 400 à l’heure tellement le temps va vite et va vous échapper! Vous allez vouloir être malades à leur place quand ils ne feront que 2 degrés de trop de fièvre ou quand ils se ramasseront à l’hopital pour une commotion parce qu’ils vont être montés dans un arbre et en être tombés même si vous les aviez averti 100 fois de ne pas y grimper parce que c’est dangereux, ils pourraient en tomber… ! Vous allez vouloir les donner à votre belle-soeur en échange de rien du tout! Vous allez vouloir mordre le premier (et tous les suivants!) qui vont tenter de s’en prendre à eux par exemple! Vous allez vous sentir perdus comme c’est pas permis plus souvent qu’autrement mais au fond de vous-même, vous saurez qu’il n’y a PERSONNE de mieux placé que vous pour en prendre soin…

Et vous allez leur apprendre à marcher… à «marcher drette dans Vie»…

« Ce qui compte ne peut pas toujours être compté, et ce qui peut être compté ne compte pas forcément. » de Albert Einstein

Il y a quelques jours, j’ai dû subir une chirurgie abdominale. Chirurgie mineure, mais chirurgie pareil…

Et ça m’a évidemment porté à réfléchir. Une tête comme la mienne se repose rarement! J’avais donc une toute nouvelle situation pour nourrir mon esprit. En fait, c’était la deuxième chirurgie que j’avais à vie. Reste que les questionnements, les peurs et les doutes ont envahi mon crâne et mes trippes, bousculant du coup, bon nombre de mes croyances, de mes certitudes et de mes convictions.

Cette année, j’ai eu 33 ans. Jeune encore me direz-vous. Mais ce 33 ans bien sonné avait une signification particulière dans ma vie. En effet, comme plusieurs d’entre vous le savez, c’est l’âge que mon père avait quand il est entré à l’hôpital il y a de cela plus de 25 ans. Il n’en est jamais ressorti, ou presque, et y est décédé quelques 9 mois plus tard. J’avais 6 ans… En fêtant mes 33 ans, je sonnais donc la même cloche que celle de mon paternel d’une certaine façon. Ma santé à moi est par contre bonne, merci la Vie! Cependant, devant me faire opérer au ventre, je repensais à mon père qui avait eu ses premières douleurs justement là, au ventre. Lui c’était les intestins… Moi, une hernie. Grosse différence. Mais les trippes nous faisaient mal à tous les deux quand même.

Et je me suis mise à me demander si j’allais y passer moi aussi…

Si les médecins découvraient autre chose en opérant? Comme pour lui? Si j’étais arrivée à 33 ans et que je ne devais pas me rendre plus loin que mes 34? S’il y avait des complications durant l’intervention?  Si ma douleur était le symptôme d’autre chose de plus important?

Et mes enfants? Qui s’occuperait de mes enfants s’il devait m’arriver quelque-chose? Si ma vie devait s’arrêter aujourd’hui?

Et ma mère? Ma mère qui a enterré son mari alors qu’elle n’avait que 32 ans et que je soupçonne de ne jamais avoir totalement fait son deuil de lui, survivrait-elle à une seconde tragédie? Tous ces gens avec qui je me suis brouillée? Devrais-je reprendre contact? Faux sentiment de culpabilité? Ou dernière chance?…

Ensuite sont venues les questions existentielles: C’était ridicule de penser que je pouvais mourir à 33 ans uniquement parce que c’était arrivé à mon père, mais si jamais…? Qu’est-ce que j’avais à apprendre d’une situation pareille? Pourquoi ces peurs? Qu’est-ce que je regretterais de ne pas avoir fait dans ma vie? Y avait-il des choses que je devais modifier de mon existence? Remise en question… Est-ce que j’étais satisfaite de qui j’étais? De qui j’étais devenue? De ce que j’avais accompli? De ce que j’avais conquis? Est-ce que le sens que je donnais à ma vie était toujours valable, valide? Devait-il changer? Ma vie avait-elle encore un but? Un sens?…

Et ma santé? Est-ce que j’en prenais soin? Suffisamment? Est-ce que j’en étais satisfaite? Est-ce que si j’avais si peur, c’était justement parce que je savais que je n’étais pas en si bonne forme physique? Qu’est-ce que je pouvais retirer de cette leçon? Y avait-il des choses que je pouvais améliorer dans mon alimentation, dans ma façon de me soigner, dans mon hygiène de vie en général?…

Et enfin, les convictions y sont passées aussi: Celle qui me disait que j’avais un certain contrôle sur ma vie: envolée. La conviction que j’étais là où je devais être dans ma vie: envolée aussi. Celle qui me disait que j’avais réglé tout ce que j’avais à régler: partie en fumée dans le temps de le dire… et bien d’autres y sont passées aussi, dans ce moulin à viande, ce tordeur d’idées qu’était devenue ma pauvre cervelle.

Puis, je me suis mise à respirer. Je me suis dit que je pouvais effectivement mourir. Qu’il était possible que mes 3 enfants se retrouvent orphelins d’un parent; que, comme tout le monde, je n’avais pas toujours fait les bons choix dans ma vie, que j’avais fait ce que j’avais pu avec ce que j’avais; que quelque-part au fond de moi, je faisais confiance. Confiance en la Vie, confiance en ce quelque-chose de plus grand que moi que je ne saurais trop comment nommer… Que si j’étais là où j’étais aujourd’hui, c’est qu’il y avait bien une raison, peu importe laquelle c’était et peu importe que je la connaisse ou pas. Que malgré les erreurs que j’ avais pu faire par le passé, je les acceptais. Que malgré les gens avec qui je m’étais brouillée ou ceux de qui je m’étais éloignée, je l’avais fait par respect de mes valeurs et de mes convictions profondes. Et je me suis aussi dit que de toute façon, je n’étais pas immortelle. Que la seule chose que je pouvais faire, c’était de faire confiance et de faire confiance encore et d’accepter. Accepter la Vie, ou la mort, mes choix, mes erreurs, mon chemin, ma situation, ma Vie, avec un grand V. Que la seule chose que je pouvais faire en sortant de là si jamais j’en sortais, c’était de continuer à tenter de m’améliorer, à continuer de tenter de devenir une personne meilleure à chaque occasion qui m’était offerte, de poursuivre mes buts et mes rêves, encore et encore. Continuer de prendre soin de mes 3 mousquetaires du mieux que je pouvais avec ce que j’avais, ce que j’étais et ce qu’eux étaient aussi. À continuer de faire bien les choses, les choix. Toujours par convictions. Toujours avec cette fougue qui me caractérise. Toujours avec cette Vie et cette énergie qui ne m’ont jamais quitté malgré tout…

C’est tout ce que je pouvais faire…

Et puis je me suis sentie en paix. En paix avec mon paternel mort trop jeune, avec mes démons, mes anges aussi, avec tous ceux qui me regardent de haut parce que je ne fais pas dans les 6 chiffres de salaire annuel, avec tous ceux qui me trouvent bizarre, avec tous les choix et aussi les conneries que j’ai pu faire, avec tous mes bons coups, qu’ils aient été connus des gens ou qu’ils soient restés secrets. Je me suis sentie en paix pour une des rares fois dans ma jeune existence. Et ça goûtait bon…

Finalement, l’opération s’est bien passée. Rien de cancéreux, rien de grave, une opération de routine de 30 minutes pour le doc!

Mon amoureux qui m’avait accompagné jusqu’aux portes du bloc opératoire m’attendait à ma sortie. Il m’a tenu la main. Il a tenu mon coeur. Il avait confiance depuis le début lui. Il m’a écouté lui raconter toutes mes frayeurs, sans broncher. Parce qu’il avait confiance. Et il m’a consolé quand j’ai pleuré le matin de l’opération. Et il a pris soin de moi en revenant à la maison. Il m’a aidé à marcher, à m’asseoir et à me lever, à me laver, à m’habiller. Ça fait quelques jours et je vais mieux. Je peux marcher, me lever seule. Mais je ne peux pas encore aller jouer dehors avec mes enfants. C’est mon homme qui a pris la relève depuis une semaine. Un homme. Un vrai!

Et mes peurs m’ont permis de réaliser plein de choses extraordinaires. Comme ma santé qui n’est pas à son meilleur et dans quel angle je dois corriger le tir; comme de savoir apprécier l’aide de ceux qui m’ aiment; comme mes convictions qui sont encore plus ancrées et que je sais être les bonnes; comme les occasions certaines qui vont se présenter à moi pour faire d’autres gaffes, d’autres conneries et d’autres qui me permettront de faire encore les bons choix, de prendre les bonnes décisions, de continuer à m’améliorer, de me calmer le pompon quand les fils se touchent et surtout, de faire confiance à nouveau…

Preuve irréfutable!

Aujourd’hui, ma fille a vécu quelque-chose de… fort.

Quelque-chose de nouveau, de troublant, de plus grand qu’elle…

Quelque-chose qu’on est pas censé vivre quand on a presque 16 ans; une chose dans laquelle tous les mots ont leur importance mais qui perdent aussi tout leur sens quand on est seulement un accompagnateur, un appui; quand on est seulement moi.

Il y a 15 ans 10 mois et quelques jours, ma fille venait au monde. Et déjà, je savais qu’elle allait être une tête dure, une entêtée, bornée, mais aussi une combative, solide et déterminée. Après un accouchement qui aura duré 23 heures, une enfant fatiguée et malade venait au monde. Elle pesait 7lbs et 2 onces. Après une semaine à l’hôpital, elle en pesait un peu moins de 6… Tranférée à Ste-Justine en ambulance, elle y restera deux semaines. Pour enfin revenir à la maison, guérie et en forme.

J’avais 17 ans…

Ma grand-mère me disait que j’étais une enfant qui allait avoir un enfant… Et elle avait plus que raison! Tout le monde me parlait des difficultés et des embûches qui meublent le quotidien en devenant parent, des soins à apporter à l’enfant, des nuits sans sommeil, et vous connaissez la suite de la chanson si vous avez des rejetons… Mais j’avais la tête dure et un caractère de chien! Ils allaient voir ce qu’ils allaient voir que je me disais…

Ma fille a grandie et les recommandations ont changées au fil du temps. Et une en particulier m’est toujours restée:  » Tout ce que ça prend pour élever un enfant, c’est ben d’l’amour, pis un peu de bon sens! »

Cette grande phrase venait d’une simple femme, qui avait tout de même le mérite d’avoir mis au monde et élevé 6 enfants. Merci mamie…

Cette citation aura été un de mes peu nombreux leitmotiv dans ma vie et le restera.

D’autres trucs ont bien entendu suivis, du genre:  » petits enfants, petits problèmes, grands enfants, grands problèmes », ou encore  » on fait pas ce qu’on veut avec nos enfants, on fait ce qu’on peut ». Mais toutes n’ont pas eues le même effet sur moi. 😉

Par contre, une seconde phrase m’a un jour été soufflée, en laquelle j’ai aussi choisi de croire. À cette époque, la vie aux côtés de ma pré-ado entêtée était loin d’être rose; en fait, cela tenait plus souvent du vert (marde…) que de quoi que ce soit d’autre. Ma patience s’amoindrissait à une vitesse folle et mon niveau de saturation frôlait la barre du rouge. On m’a alors dit: « Fais confiance à ce que tu lui as donné quand elle était petite… (l’éducation) pour l’instant t’en vois pas le bout, mais un jour, ça va revenir… » Merci à mamie, à ma mère, à Nathalie R. sur celle-là.

Et aujourd’hui, j’ai vu…

J’ai vu qu’il faut faire confiance. J’ai vu que la maturité, le sens des responsabilités, le sens du devoir, et le fait d’avoir le coeur à la bonne place, ça ne paraît pas dans la chambre d’une ado de 16 ans. Ça ne paraît pas non plus quand elle chiale pour ne pas emmener son petit frère faire du vélo ou quand je lui demande de sortir les poubelles. Non plus quand c’est l’heure de se lever le matin et encore mois quand c’est l’heure d’aller se coucher! Mais ça paraît dans les choses qui comptent.

Aujourd’hui ma fille a fait peuve d’un courage dont je ne la croyais pas capable. Et elle a fait preuve d’un sens des responsabilités indiscutable; sens sur lequel j’étais convaincue que tout espoir était à ce jour perdu! Elle a prouvé qu’elle avait un code moral en béton, un sens des valeurs puissant et surtout, qu’elle a le coeur à la bonne place…

Aujourd’hui j’ai vu que ce que nos enfants sont, est bien plus grand que ce que nous en pensons. L’adolescence est une période charnière et peut parfois s’avérer être aussi une période, disons, d’incompatibilité entre eux (les ados) et nous (leurs parents). Mais aujourd’hui j’ai vu une jeune fille se tenir debout, dans tous les sens du terme, se tenir droite, fière et malgré qu’elle tremblait de tout son corps, affronter quelque-chose à quoi on ne peut jamais être totalement préparé.

Aujourd’hui j’ai eu la preuve irréfutable que ni l’âge, ni l’état de notre chambre et ni à quel point on tremble devant les événements, ne représentent qui on est ou qui on sera dans la vie.

J’ai eu la preuve que ma fille est venue au monde forte malgré les apparences, entêtée malgré qu’elle soit parfois influençable, courageuse malgré qu’elle tremble, déterminée malgré sa peur, honnête malgré qu’elle m’ait souvent menti, et qu’elle ait un code d’honneur bien plus grand que celui de bien des grands…

Tous ces mots ont tout de même perdu tout leur sens à 2 heures de l’après-midi aujourd’hui et je ne pouvais rien dire ou faire sauf être là… Être à côté d’elle prête à lui offrir ce dont elle aurait pu avoir besoin à ce moment-là, prête à la soutenir, à l’appuyer, le tout dans le silence le plus… plein. Plein de tous ces mots qu’on ne sait souvent pas dire au bon moment, plein de toutes ces étreintes qu’on ne sait jamais quand il est correct de les faire…

Aujourd’hui j’ai eu la preuve irréfutable que tous ceux cités plus haut ont eu raison; il faut faire confiance à ce qu’on leur a donné étant petits, ça va finir par revenir…

Je t’aime ma belle et aucun texte et aucun calin ne pourra suffisamment exprimer à quel point je suis fière de toi ma grande! Tu as fait une femme de toi et, de moi, une mère qui se pète les bretelles d’avoir une fille comme toi!

Même si ta chambre est encore en bordel…. ;o)