Et si on avait le choix?

On nous le répète plus que souvent: « Tout, dans la vie, est une question de choix ».

Quoi que je ne sois pas complètement en accord avec cette affirmation, j’admets que beaucoup de ce qu’on vit, est, essentiellement, une question de choix.

Depuis plusieurs années, les personnes qui semblent subir le plus de pression sociale (et familiale) sont sans contredit les parents.

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Du choix d’un-e amoureu-x-se que nos parents se permettent de critiquer quand on est encore jeune adulte, du choix d’allaiter ou non quand on a des enfants et de la durée de l’allaitement, du choix des couches lavables ou jetables, d’envoyer les enfants à la garderie ou non, du choix pour un des parents de rester à la maison ou d’aller travailler, en passant par le choix de donner une éducation bienveillante, de ne pas crier sur les enfants, ou le choix du type d’établissement scolaire qu’ils fréquenteront ou non, toutes ces situations se sont retrouvées non seulement critiquées par un peu tout le monde autour des parents qui ont annoncé leur-s choix, mais se sont aussi retrouvées sur la sellette à plus d’une reprise.

En effet, les articles de journaux, les publications Facebook, les nouvelles télévisées, etc., tous et toutes, ont eu leur moment de critique générale sur un des sujets nommés ci-dessus. Ce qui a de bons, et moins bons effets…

Un des derniers sujets en liste à avoir fait jaser sur la place publique, est celui de l’éducation à domicile. Et pas rien qu’un peu en fait. Mais pourquoi tant de critique négative, tant de colère aussi, à l’égard des familles qui souhaitent faire ce choix? Pour essayer de comprendre un peu, revenons en arrière de quelques années.

En Novembre 2014, un membre de la communauté juive hassidique Tosh, Monsieur Yonanan Lowen, a intenté des poursuites juridiques contre « le ministère de l’Éducation, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), la commission scolaire [de] la Seigneurie-des-Mille-Îles ainsi que deux écoles juives, (…) pour « violation de son droit à l’éducation » ». (L’article complet est ici. Notez par contre qu’il contient différentes erreurs et que je ne les soutiens pas.) Le ministre en place à cette époque, était Yves Bolduc.

Il faut savoir que ce ministre avait, en début de mandat et en guise de promesse électorale, promis de trouver une solution au problème des écoles juives illégales au Québec, « problème » qui perdurait depuis plus d’une soixantaine d’années, et face auquel aucun gouvernement n’avait rien fait auparavant. Avec cette sortie médiatique et juridique en règle, le ministre de l’éducation se retrouvait donc dans l’obligation évidente de poser des actions concrètes.

Pour tentative de règlement temporaire, la solution proposée a été d’instruire les enfants des familles juives dans leur famille, c’est-à-dire de les laisser faire l’éducation à domicile, communément appelé, aussi, « l’école à la maison ». Ce sont des familles juives elles-mêmes qui en étaient venues à proposer cette entente. La raison en était que de très nombreux parents désiraient que leur-s enfant-s puissent avoir accès au diplôme d’études secondaires décerné par le ministère de l’Éducation. De 2007 à 2012, au moins une de ces écoles avait pu fonctionner à titre légal, malgré qu’elle existait depuis 1956. Le ministère de l’Éducation lui avait octroyé un permis. Les élèves ressortaient alors de l’école avec un diplôme. Or, ce n’est maintenant plus le cas, le ministère ayant retiré le dit-permis… Depuis, les juifs hassidiques font l’école-maison. Du moins, c’est ce que nous en savons officiellement.

Passons maintenant au côté légal des choses.

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Différentes lois, tant provinciales que fédérales, encadrent et régissent l’éducation. Mais chaque province est responsable « de financer, (…) légiférer, réglementer et coordonner l’éducation ». Par contre, chaque loi sur l’éducation adoptée par une province doit être conforme à la Constitution. Reliées à ces lois, d’autres lois et amendements les soutiennent, entre autres sur le volet de la protection de la jeunesse, et les lois concernant la séparation et le divorce.

Ainsi, au sujet de l’éducation, les Droits de l’Homme disent ceci:

  • Article 26
    1. Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement
    élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être
    généralisé; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous
    en fonction de leur mérite.
  • (…) 3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. 

Malheureusement, cette déclaration n’a pas de réelle valeur juridique.

 

Ensuite, la loi sur l’instruction publique dit (entre autres) ceci:

  • 15. Est dispensé de l’obligation de fréquenter une école l’enfant qui: (…)

4°  reçoit à la maison un enseignement et y vit une expérience éducative qui, d’après une évaluation faite par la commission scolaire ou à sa demande, sont équivalents à ce qui est dispensé ou vécu à l’école.

Ces extraits de lois accordent donc le CHOIX aux parents. Ainsi, chaque parent, malgré qu’on ne le sache pas la majorité du temps, et que personne ne le crie sur aucun toit, a le choix du genre d’éducation qu’il souhaite donner à son enfant. Cela fait référence autant à la possibilité de choisir une école publique, une école privée, une école dite alternative ou l’éducation à domicile.

Bon. Cela étant dit, on est passé d’écoles illégales juives au droit parental individuel ici…

La GRANDE différence à faire est la suivante:

  • Faire l’éducation à domicile à son/ses enfant-s EST LÉGAL.
  • Tenir une ÉCOLE en-dehors du système scolaire public ou privé reconnu, EST ILLÉGAL.

Maintenant…

La loi sur l’éducation au Québec changera. En fait, la nouvelle loi et les nouveaux règlements qui l’accompagnent ont déjà été votés, et entreront en vigueur quelque-part au début Juin ou début Juillet.

Pourquoi cette loi change-t-elle?

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Souvenez-vous de ce qu’on disait plus tôt: Les parents Juifs font maintenant majoritairement l’éducation à domicile à leurs enfants.

Il importait donc au ministre de l’éducation maintenant en poste, Mr. Sébastien Proulx, de poursuivre (et clore) le dossier concernant les écoles illégales.

Afin de s’assurer que chaque enfant des familles juives recevait une éducation générale et non uniquement religieuse, modifier les façons de faire les évaluations était la première chose à mettre en place. Pour ce faire, la loi devait être modifiée.

MAIS! 

Les écoles illégales sont une chose. Faire l’éducation à domicile en est une autre. Et les parents faisant l’instruction en famille ne proviennent pas tous de la fermeture de ces écoles, loin de là!

Des milliers de familles québécoises ont choisi cette option pour des raisons bien différentes de la religion.

En voici quelques exemples:

  • Une famille a choisi de faire l’EAD (éducation à domicile) à leur fils autiste, parce qu’après plus de 2 ans à demander des services à l’école publique où l’enfant allait, il ne recevait toujours aucun soutien.
  • Une autre famille a choisi l’EAD parce que leur fille vivait de l’intimidation de la part du personnel enseignant.
  • Une autre encore, a choisi l’école-maison pour répondre au besoin de stimulation d’un enfant en douance.
  • Enfin, une mère monoparentale a sorti un de ses enfants de l’école à cause d’un échec scolaire qui menait l’adolescent vers le décrochage, afin de mieux l’accompagner et de lui redonner le goût d’apprendre, à son rythme personnel.

Ces exemples ne sont que quelques-unes des raisons pour lesquelles les familles choisissent l’éducation à domicile. L’idée est de bien comprendre que chaque situation est unique, comme l’est chaque famille, chaque individu, chaque enfant; et donc qu’il y a autant de raisons de se tourner vers l’EAD qu’il y a de familles. La religion en fait également partie. Beaucoup de familles chrétiennes se tournent vers les apprentissages en famille, comme des familles juives, des familles musulmanes, des familles protestantes, etc.

La religion n’est qu’une facette de la vie des gens. De comparer l’extrémisme religieux (qui enferme les enfants dans des sectes fermées sans contact avec la vie ou les gens) avec des familles ordinaires qui font un choix différent de la majorité, crée de fausses équivalences.

Des milliers de familles québécoises qui font l’éducation à domicile ne font pas et n’ont jamais fait partie d’aucune école jugée illégale.

Faire porter le poids des mesures gouvernementales de façon équivalente aux familles qui exercent leur droit légitime et légal et aux administrations scolaires illégales, manque de doigté et de jugement.

Maintenant, avec le discours que le gouvernement a laissé planer, à savoir que les gens qui choisissaient les apprentissages en famille étaient majoritairement sectaires, est un glissement volontaire qui les servait bien.

Dans les médias, tout de suite après le scandale de ces écoles, personne n’a parlé de toutes les autres familles qui faisaient l’école-maison, ou si peu. Il y a eu cet article d’une mère forcée à faire l’éducation académique de son fils parce que l’école se déresponsabilisait face à l’enfant et disait ne rien pouvoir faire pour lui. Dans cette situation, l’EAD passait bien aux yeux de monsieur et madame tout le monde, parce que la mère n’avait pas tellement d’autre choix, et s’investissait pour le bien de son enfant. C’était vu, selon l’angle selon lequel les médias nous le partageaient, comme une épreuve forcée à laquelle la mère réagissait bien. Ce genre d’histoire apporte son lot de compassion et d’empathie. Et je ne diminue en rien ce que cette famille a pu vivre ou vit encore. Cette femme est une mère dévouée et je lui lève mon chapeau! Son histoire a ceci de particulier que c’est l’école qui se lavait les mains de sa responsabilité face à l’enfant. Mais des centaines de familles vivent un peu ce même scénario redondant. Les écoles qui promettent des services, et les familles qui ne les reçoivent jamais, ou si tard. Les écoles qui font passer des enfants en difficulté sans jamais les faire doubler, mais qui ne les soutiennent jamais vraiment. Des écoles qui n’arrivent pas à combler le besoin de stimulation intellectuelle de d’autres enfants doués, et qui refusent de les faire monter de classe pour des prétextes administratifs… Bref, tout ça pour dire que les parents qui choisissent l’école-maison, font tous et toutes ce choix pour la même raison:

LE BIEN-ÊTRE DE LEUR-S ENFANT-S.

Malheureusement, ce n’est pas ce qui ressort quand on parle d’éducation à domicile…

Après les écoles illégales, le sujet est un peu tombé entre les craques du plancher, pour ne ressortir qu’avec les modifications faites à la loi sur l’éducation au Québec.

Personne n’a cru bon rappeler que ces modifications partaient du désir d’abolir les écoles juives… Mais les impacts ne sont pas seulement retombés sur la communauté juive. Toutes les familles en EAD en payent le prix.

 

UN CHOIX… RESTREINT.

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Bref, faire l’éducation à domicile est légal. Et qui dit légal, dit loi, évidemment. Et nul n’est censé ignorer la loi… Et croyez-en mon expérience personnelle à me représenter moi-même devant un tribunal, NUL N’EST CENSÉ IGNORER LA LOI POUR DE VRAI, et on vous le fait sévèrement savoir en temps et en lieu!  Cela n’empêche pas que la grande majorité de la population du Québec ne sait pas que cette option est possible, ne sait pas que c’est légal, ne sait pas que c’est un choix réel et réfléchi et que les parents qui font ce choix s’investissent corps et âme dans la réussite de leur-s enfant-s.

Cette loi n’est pas criée sur tous les toits, comme je le mentionnais plus haut; ce choix n’est souvent pas appuyé par les acteurs scolaires, ni par la famille élargie en général; cette information est même la majorité du temps déformée, utilisée à mauvais escient de la part de gens qui se soucient plus de faire rentrer le plus grand nombre de gens possible dans les rangs, que du bien-être réel des enfants et est aussi utilisée pour menacer les familles qui tentent de s’informer de façon mature et responsable sur les options éducatives offertes pour leur progéniture.

Malgré les obstacles et les embûches, des milliers de familles s’embarquent tout de même dans la grande et cahoteuse aventure de l’école-maison et font ce choix difficile mais ô combien bénéfique et libérateur pour leur-s enfant-s!

Par contre, depuis les modifications de la loi, encore moins de gens seront portés à choisir l’EAD, pour la simple et bonne raison que les démarches à faire pour y arriver ont été resserrées, ainsi que la quantité de comptes à rendre et la paperasse à remplir en général aussi. À mon sens, cela est plus que dommage. Parce qu’avec le nombre d’enfants qui présentent des difficultés d’adaptation (académiques ou comportementales), avec le nombre de professeurs qui ne cessent de demander des réajustements du nombre d’enfants dans les classes, avec les services aux élèves qui ne suffisent jamais à la tâche, avec les coupures gigantesques que les enveloppes budgétaires subissent et avec toutes les autres difficultés majeures que l’école rencontre plus que jamais en 2018, c’est une refonte complète de tout le système scolaire qui s’avère plus que nécessaire. Et croyez-moi, de nombreuses familles retourneraient leur-s enfant-s sur les chaises de plastique des écoles si le fonctionnement était différent! Mais cela n’est malheureusement pas envisageable, je le crains. Les parents qui choisissent l’école à la maison libèrent donc, du moins un tant soit peu, le système scolaire d’un poids supplémentaire (pas que je considère les enfants comme un poids, au contraire! Mais plus grand est le nombre, plus grands sont les besoins, cela va de soi.) et ils allègent ainsi différents volets de l’école par leur prise en charge directe de l’éducation de leur-s enfant-s. Pourtant, personne ne les en remercie… 

Alors envers et contre tous les obstacles, les préjugés, les rapports à remettre plusieurs fois par année, le harcèlement sur le degré de socialisation des enfants, le fait que le choix éducatif ne soit plus vraiment un choix mais doive de plus en plus ressembler à ce qui est unilatéralement offert par les écoles et réponde à leurs critères simplistes aussi, malgré les difficultés et la paperasse, malgré les doutes et tout le reste, des gens se mobilisent pour défendre leur droit à choisir l’éducation de leur-s enfant-s.

C’est d’ailleurs pour cette raison, et pour permettre de faire connaître et mieux comprendre le choix des familles, que le mois de la sensibilisation aux apprentissages en famille  a été lancé. Cette initiative existait déjà dû côté anglophone, mais pas en français.

Les parents qui font l’EAD ont d’ailleurs des associations qui les soutiennent. L’AQED (Association québécoise d’éducation à domicile) et la HSLDA (Home School Legal Defence Association of Canada), sont les deux associations qui chapeautent, supportent, regroupent, défendent et informent les gens sur l’éducation à domicile.

Alors je vous invite à vous renseigner, à vous informer, à poser des questions. Si vous connaissez une famille qui a opté pour ce choix de vie et que vous êtes curieu-x-se, ou si cette avenue vous fait de l’oeil, n’hésitez pas à vous renseigner sur le sujet. Il existe des groupes Facebook, des associations, des blogues qui traitent de ce sujet en long et en large et sous toutes les coutures.

À garder l’esprit ouvert, on apprend toujours mieux! C’est valable pour les enfants, et aussi pour les grands! 😉

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Repenser l’éducation.(sic)

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Qu’on parle d’éducation académique ou d’éducation sociale, dans les deux cas, on semble être dans une ère de changement. Ce qui n’est pas pour me déplaire!

Par rapport à l’éducation académique, le système scolaire semble de plus en plus s’effondrer sur lui-même depuis plusieurs années déjà. En effet, plus le temps passe, et plus on s’enfonce dans des besoins de plus en plus criants, auxquels on trouve et on offre de moins en moins de réponses et de services.  Nous connaissons tou-te-s, directement ou indirectement, une histoire d’horreur reliée aux failles du système, malheureusement.

Ensuite, par rapport à l’éducation civique, sociale, familiale, les anciennes méthodes éducatives sont en perte de vitesse aussi. Qu’on pense à la fessée, à la ceinture, à mettre au coin, priver de manger, enfermer dans une chambre, etc, toutes ces méthodes passent l’arme à gauche un peu plus chaque jour. Ce qui est une excellente nouvelle!

Étant une famille de « homeschoolers », prônant la bienveillance et la pédagogie positive, tous ces changements viennent non seulement me confirmer que je fais la bonne chose pour ma famille et pour mes enfants, mais aussi, tout ça m’inspire et me motive à poursuivre dans cette belle direction!

De choisir le respect du rythme de l’enfant, que ce soit pour qu’iel se sèvre de l’allaitement, pour l’âge auquel iel commencera à lire, le moment où la continence sera acquise, est, selon mon humble avis, la meilleure chose qu’un parent puisse offrir à sa progéniture.

Vient avec ce respect, la bienveillance, la non-violence, la simplification de notre vie à tou-te-s dans la famille, ralentir notre rythme de vie, mieux choisir nos priorités, encore plus profiter de chaque instant au quotidien, et être au premier rang pour tout ce qui concerne les grandes et les petites étapes que nos enfants vont franchir en grandissant. Ce qui pour moi, n’a tout simplement pas de prix!

Dans cette optique de bienveillance, de respect, d’ouverture et de pédagogie positive, une amie à moi, Cinthia Labillois, a mis sur pied un congrès web absolument merveilleux, qui approfondit chacun de ces aspects de l’enfance et de la vie de parent.

Si les pédagogies alternatives vous intéressent, de près ou de loin, je vous invite à approfondir vos connaissances, sinon votre motivation, à ce sujet. Vous y ferez un saut dans le monde des familles qui éduquent autrement, pour le plus grand bien des enfants (et aussi celui des grands!).

Des conférencier-ère-s tou-te-s plus intéressant-e-s et qualifié-e-s les un-e-s que les autres vous attendent pour  » Repenser l’éducation » sur le site de Bonheur assumé.

Je vous souhaite de merveilleuses découvertes!

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Je voudrais être un homme…

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J’suis en criss à matin!

Avant que quelqu’un se le demande, ou pire! ME le demande: NON! J’suis pas SPM!!

Mais j’suis en criss pareil! Parce que, j’va vous donner l’scoop: y’a pas juste les SPM qui font mettre quelqu’un dans cet état-là! Vous êtes surpris (et contents!!) de l’apprendre hein?! Je le savais! J’aime ça des fois défaire des mythes qui ont la carcasse dure… juste de même, pour le fun…

J’suis en beau calvaire à matin, pis toutes les personnes de mon entourage qui m’ont vu être en beau maudit, entendu ma colère ou à qui j’en ai parlé, ont tou-te-s, sans exception, banalisé mon émotion, mon ressenti, ou ma-mes réaction-s.

Peu importe ce que je mentionnais qui m’avait mis dans cet état-là, l’accumulation, les efforts pour me retenir d’exploser, mon auto-critique face à ce que je ressentais, mes propres tentatives de m’auto-convaincre que « c’est rien, vraiment, fais un effort, t’es susceptible-irritable-pas-dans-ton-assiette-pas-assez-dormi-ça-va-se-passer-tout-seul-dis-rien-fais-rien », peu importe, bref, ce que je nommais, tout le monde m’a dit que, soit j’exagérais,  soit de me taire, soit de penser plus positif, soit d’arrêter de crier, soit d’arrêter d’être fâché (!!! WTF?! Avoir su que j’pouvais faire ça en claquant des doigts, esti que je l’aurais essayé avant! Non, mais! Franchement! Pourquoi j’y pas pensé!? …..), soit de faire des efforts, que c’était rien, vraiment, de pas me mettre dans tous mes états pour ça…

Bref, j’ai tort, tu comprends tu?!

J’ai tort d’être dans tous mes états, c’est rien, vraiment, je m’en fais pour rien, j’ai tort de ressentir ce que je ressens pour des causes apparemment aussi futiles, j’ai tort sur ce que je considère comme désagréable, problématique, violent dans ma vie et face à moi.

Et comme ça fait depuis toujours que je me fais dire la même affaire, ça fait, au minimum, un petit boutte que j’y réfléchis. Parce que, oui, aussi surprenant que ça puisse paraître peut-être, je me remets en question à chaque fois, j’essaie d’analyser si je suis pas en train de m’emporter pour rien, si c’est vraiment moi qui suis susceptible ou si le monde est vraiment de la marde des fois… Pis après 30 ans de réflexion sur le même sujet, j’en suis venue à une conclusion: JE VOUDRAIS ÊTRE UN HOMME!

Ouin, je voudrais être un homme. 

Parce que comme ça, je me ferais pas dire que j’ai tort d’être en criss. J’ai remarqué depuis belle lurette que les hommes, quand ils sont en saint-si-vous-plaît-de-joualvert, on part avec la prémisse qu’ils ont raison d’être dans un tel état. Alors que pour les personnes qui sont identifiées comme étant des femmes aux yeux des autres, on part avec la prémisse, quand on les écoute « se plaindre », qu’elles se plaignent justement, qu’elles doivent exagérer, et qu’elles ont ben dû faire de quoi pour en arriver là, bla bla bla…

Vous savez, on dit la même chose aux victimes. Celles qui ont mangé leur volée par un conjoint violent, elles ont ben dû faire de quoi pour le mettre dans cet état-là! Fack le dude y tape su’sa femme, mais automatiquement, on essaie de justifier sa colère à lui, sa violence à lui. La bonne femme a clairement faite de quoi de pas correct pour mériter sa baffe, tu me suis? C’est d’une aberration!!! Et on the other hand, quand une personne identifiée en tant qu’ « homme » se fait violer (par exemple), alors tout le monde est atterré, triste comme pas permis, en revient pas, etc, et personne remet en question ce qu’ « il » a vécu et la raison pour laquelle c’est arrivé. Tout de suite, on prend pour acquis que les auteurs du crime sont des salauds, des brutes, des sans-coeur. (Sauf quand c’est des enfants. Quand un petit garçon est abusé sexuellement par un parent, le parent lui met la faute dessus et le petit n’est pas cru. Comme tous les enfants victimes d’abus. Ça prend plus de 100 personnes qui accusent le même gars d’agressions sexuelles avant que ça soit pris au sérieux, après plusieurs suicides des victimes, après des vies entières à ne pas être cru par ses parents et par les autorités, comme dans ce qui a fait les manchettes dernièrement, avec le coach de gym aux States. )

Donc je voudrais être un homme. Pour avoir toutes les raisons d’être en colère. Pour avoir toutes les justifications à mes cris. Pour avoir toute l’empathie, la compréhension, la compassion et le pardon face à ma rage. Face à ma violence. Face à mon écoeurantite sale de TELLEMENT d’affaires! Pour être cru! Tout simplement! Parce qu’une femme en colère, c’est pas beau! Y faut pas! Une femme qui crie, c’est violent! Une femme qui se fâche, c’est une hystérique! Mais un homme! Un homme en colère c’est un homme sérieux! Un homme À PRENDRE au sérieux! Un homme qui crie, c’est un homme blessé! Un homme qui pleure de rage, alors là, c’est selon, c’est soit une feluette (selon certains…) ou un homme porté au bout de ses capacités par une femme mesquine et manipulatrice… Mais une femme qui pleure de rage, elle pleure pas de rage, elle pleure, simplement, et de plus, elle ne ressent pas la bonne émotion face à ce qu’elle vit… elle devrait plutôt être en train d’essayer de voir le positif de la situation et de s’en sentir forte et grandie! Grrrr…..

Et pareil pour la force, on s’en donne un coup? Une femme forte physiquement, c’est pas beau! Mais un homme musclé, wow! La femme doit juste avoir l’air shapée hein? Au-delà de la limite sexuellement acceptable déterminée par les hommes, elle est pu belle la madame… Une femme en dépression, elle est faible. Mais un homme en dépression, on est plein de compassion pour son sort et face aux difficultés qu’il traverse… Mais des fois y’a d’autres hommes qui vont lui dire qu’il est juste trop faible aussi, ça aussi, c’est selon… Une femme qui demande de l’aide en santé mentale, on la punie de le faire. Genre en lui enlevant ses enfants, en lui envoyant les flics ou les services sociaux, etc. (Ça aussi ça a fait les journaux dernièrement). Un homme? LUI, il demande de l’aide! Peu importe ce qui l’a mené là et la menace qu’il peut représenter pour les autres, on ne doit pas le punir parce qu’il va chercher de l’aide. Il s’aide! C’est bien! Non?! Une femme qui sort tard, elle court après le trouble. Un homme? Un célibataire qui prend plaisir à la vie. Une femme qui aime le sexe? Une pute. Un homme? Il profite de la vie encore une fois! (Mais il ne profite pas des femmes, voyons! C’est un jugement, une fausse croyance, que dis-je! un mythe urbain, voyons!…) Une femme qui est mère et qui rush sa vie avec ses 3 enfants? Elle est mal organisée et probablement instable mentalement. Un homme qui est père et qui rush sa vie avec ses 3 enfants? Mais mon Dieu! Il fait ce qu’il peut! Il faut l’aider voyons! Comme quand on dit aux femmes victimes de viol qu’elles l’ont cherché, que leur jupe était trop courte… mais que cet argument ne se pointe pas quand un garçon se fait violer lui aussi… Bizarre hein? Non. Argument de marde. Victim shaming all the way. Justification à la violence masculine. Point.

Et j’en ai des centaines, des exemples d’inégalités comme ça, de doubles standards. Et malgré que ça puisse passer pour du jugement facile, c’est malheureusement une réalité. Et c’est AUSSI, des jugements faciles. Posés sur les femmes. Systématiquement.

Fack j’aimerais ça être un homme! Que mon pénis (ben oui toi… j’ose dire ce mot-là sur les z’internets…) me confère tout le pouvoir de sa semi-croquance les jours de pluie… Que d’avoir cet organe entre les deux jambes et le physique qui va avec, me donne automatiquement le droit d’être en beau-cibouleau-de-petit-Jésus-de-plâtre quand ça m’arrive! Que ça me donne automatiquement la crédibilité de mon vécu, de mes émotions, de mon ressenti. Que ça me donne automatiquement la vérité infuse sur ce que je nomme. Que les médecins me disent pas que « c’est dans ma tête », quand je nomme des malaises-douleurs-maux qu’ils semblent incapables d’associer à quoi que ce soit, au lieu de me prendre au sérieux et de me faire passer plus de tests. Que de me faire dire que mes émotions vont me faire perdre la garde de mes enfants parce que de les montrer fait de moi quelqu’un d’instable mentalement. Surtout la colère et la tristesse. Que les poches des jeans qu’on me vend en soient des fausses sauf si je prends un « modèle pour hommes ». Que la responsabilité de faire la putain de vaisselle me soit automatiquement réservée, sans questionnement ni consentement, juste parce que j’ai pas de pénis et que c’est comme ça qu’on a été élevés socialement… C’est les madames qui torchent! Les gars eux autres, ils ont LE DROIT de dire que ça leur tente pas, que c’est pas PLUS à eux autres qu’à quelqu’un d’autre de torcher, donc qu’ils le font pas. Comme quand mon ado de 13 ans (qui s’identifie au genre masculin), quand il me dit que -« Non! Je va’ pas nettoyer le dégât qu’y a su’l plancher! J’me mets pas les mains là-dedans! » pis qu’il part sans plus de justifications ou de compassion pour qui va être pogné à torcher le dit-dégât…  

Bref, j’aimerais être un homme. 

Depuis plusieurs centaines d’années j’aimerais être un homme. Quand on avait pas le droit de porter des pantalons, quand on avait pas le droit d’avoir un compte de banque personnel, que ça prenait le consentement de notre mari-frère-fils… Shu enragée depuis tellement longtemps! Pis j’arrive pas à me faire à l’idée qu’en 2018 (j’allais écrire 2017…), une si grande part de la population soit encore « à éduquer » sur des sujets aussi majeurs que les luttes de pouvoir, la dominance, le patriarcat, le féminisme, les détours que les femmes sont obligées de prendre pour être en sécurité, les inégalités de salaire, les exigences parentales différentes en rapport au « sexe » du parent en question, etc.

Fack en plus de mon ado qui m’a fait crinquer à matin pis qu’y m’a faite friser le poil s’ué jambes, en plus des 3 dégâts de céréales en ligne de mes deux plus jeunes, en plus de la charge mentale associée aux problèmes de santé de mon 10 ans, en plus de mon truck qui est mort, en plus du manque de sommeil parce que je me lève plusieurs fois par nuits pour les plus jeunes, en plus de mes propres problèmes de santé, d’argent, de pas de linge qui me fait ou qui me plaît, des crises des enfants, du transport scolaire non-offert à mon adresse, de mon ex qui me martyrise mentalement depuis près de 15 ans, de ma fille qui me parle pu, de pas avoir de famille et de me sentir isolée, etc, ben shu en beau tabarnack de toute la condition féminine. Condition qui se répercute jusque dans mes matins en famille avant d’aller porter les grands à l’école. Parce qu’ils sont influencés par une tonne et quart d’incultes à l’école, autant venant des autres jeunes que des adultes, que des profs, que du contenu des livres d’Histoire qui sont nulles à chier et au trois quart faux. C’est pas moi qui ai le plus d’influence sur ce que pense et croit mon enfant. Pis en plus, comme je suis le parent sécurisant, c’est sur moi que les décharges émotives se font… La joie toi… ! 

Fack y’en a surement qui vont me dire que je tourne les coins ronds dans mes exemples et mes explications. C’est pas faux. J’avais pas le temps d’écrire une thèse de doctorat entre deux changements de couches lavables, un second café froid, et le barbouillage de crayons feutres su’l rebord de la fenêtre. #sorrynotsorry. Y’en a peut-être qui vont me dire que shu une enragée aussi. Ouais. Ça me met pas de bonne humeur. (Je l’ai tu dit dans le texte que j’étais fâchée? Ah ouais. Je l’ai dit. Je pensais que tu me le disais parce que t’avais manqué ce boutte-là…) Parce que tsé, j’ai surement tort de décrier tout ça. C’est des banalités de la vie quotidienne après tout. Parce que j’exagère… t’sais ben… C’est surement mon utérus qui fait des siennes… En même temps, ce serait de l’incohérence de vouloir un statut que je dénonce. Fack vivement l’égalité. Vivement le gros bon sens. Vivement la fin de l’esclavagisme féminin et l’esclavagisme social… Mais j’va attraper la mort ben avant que ça arrive je pense… 

 

N.B: Le mot FEMME-S fait référence à toute personne s’identifiant comme tel. Idem pour le mot HOMME-S.